Vers un diagnostic plus précis des infections sexuellement transmissibles chez les adolescents au Zimbabwe

Jeudi 12 octobre 2023
Infections sexuellement transmissibles
Introduction
Les adolescents sont particulièrement vulnérables aux infections sexuellement transmissibles (IST). Le ministère zimbabwéen de la Santé, Médecins Sans Frontières (MSF) et Epicentre étudient la possibilité d'introduire deux tests faciles d'accès et d'utilisation pour diagnostiquer ces infections, afin d'offrir un traitement plus ciblé.
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Corps éditorial

Chaque jour, plus d'un million de personnes dans le monde contractent une infection sexuellement transmissible (IST) dans le monde (1). Parmi les plus fréquentes, quatre sont curables : la syphilis, la gonorrhée, la chlamydiose et la trichomonase. Non traitées, les IST peuvent entraîner de nombreuses complications chez les personnes qui les ont contractées, ainsi que pour les bébés nés de mères atteintes d'IST.

Les adolescents sont particulièrement exposés aux IST, et ce phénomène est exacerbé dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. (2). Il est donc important d'améliorer leur accès aux services de santé sexuelle et reproductive (SSR). En 2015, en collaboration avec le ministère zimbabwéen de la Santé et d'autres organisations non gouvernementales, MSF a ouvert un "Adolescents Corner" à la polyclinique Edith Opperman de Mbare, le quartier le plus densément peuplé de Harare, la capitale du Zimbabwe. Cet espace offre gratuitement des services complets de santé sexuelle et reproductive aux adolescents et aux jeunes âgés de 10 à 24 ans.

Un diagnostic souvent imprécis

« En ce qui concerne les IST, l’un des défis réside dans leur diagnostic, il se base aujourd’hui uniquement sur les symptômes », explique le Dr Collen Nyatsambo, médecin-chef du district sud de Harare, au ministère de la santé du Zimbabwe.

En raison de l'inaccessibilité et/ou du coût des tests de laboratoire dans les pays à faibles et moyens revenus, le traitement des IST est guidé par des algorithmes cliniques basés sur les signes et les symptômes (approche syndromique). Cette approche permet de proposer un traitement le jour même, mais comporte le risque de sous-diagnostic et de sous-traitement d'un nombre important de patients. Car lorsque les symptômes des IST apparaissent, ce qui n'est pas toujours le cas, ils sont souvent peu spécifiques. On estime que les algorithmes syndromiques n'identifient que 50 % des IST.

« Il est donc parfois difficile pour les cliniciens de se baser sur une approche diagnostique syndromique, précise Collen Nyatsambo. Notre projet évalue la valeur ajoutée et la faisabilité de deux types de tests diagnostiques pour les IST chez les adolescents. »

L'introduction d'un test de laboratoire relativement facile à mettre en œuvre et à réaliser pourrait améliorer la précision du diagnostic. Cette étude, menée conjointement par le ministère zimbabwéen de la Santé, MSF et Epicentre, vise à mesurer la faisabilité opérationnelle et la valeur ajoutée du diagnostic par le GeneXpert CT/NG pour les infections à Chlamydia trachomatis et Neisseria gonorrhoeae et du test OSOM® Trichomonas pour la trichomonase. Ces deux tests sont réalisés à partir d'échantillons d'urine et de frottis vaginaux, ne nécessitent pas de compétences de laboratoire hautement spécialisées et donnent des résultats en 90 minutes pour le GeneXpert et en 10 minutes pour le test OSOM®.

« Les résultats du test rapide OSOM® sont comparés au test PCR de référence pour déterminer la performance diagnostique de l'utilisation d'échantillons d'urine, en particulier pour les hommes, par rapport aux frottis vaginaux recommandés pour les femmes. Des cultures de laboratoire sont également réalisées pour tester la sensibilité aux antibiotiques de Neisseria gonorrhoeae, la bactérie responsable de la gonorrhée, qui est de plus en plus résistante aux traitements antibiotiques, y compris aux céphalosporines de troisième génération, le traitement de "dernière ligne" pour cette IST », explique Andrew Tarupiwa, chercheur principal de l'étude, National Medical Reference Laboratory (laboratoire national de référence médicale), Zimbabwe.

Au total, 400 adolescents âgés de 16 à 19 ans et sexuellement actifs au cours des 12 derniers mois seront inclus dans l'étude. Concrètement, les adolescents présentant des symptômes se verront proposer un traitement le jour même du diagnostic selon l'approche syndromique. Si nécessaire, ils seront ensuite recontactés pour adapter le traitement en fonction des résultats des examens complémentaires. Lors de la consultation médicale, chaque adolescent recevra des conseils sur les pratiques sexuelles sûres.

Pour identifier les partenaires sexuels qui doivent être traités, l'approche traditionnelle encourage les personnes dont le diagnostic est positif à informer leurs partenaires pour qu'ils se fassent soigner. Dans le cadre de l'étude, les participants recevront une carte pour eux-mêmes et pour leurs partenaires, avec des instructions en shona sur la manière de se rendre à la clinique afin d'accéder au traitement.

Si l'approche syndromique du diagnostic présente l'avantage d'être simple, peu coûteuse et de permettre un traitement le jour même, ses limites en termes de sous traitement, de traitement inapproprié, voire d'absence de traitement, plaident en faveur de l'introduction de tests plus précis pour appuyer le diagnostic.

« Avec cette étude, nous espérons pouvoir démontrer la faisabilité et la performance de deux tests de diagnostic rapides et relativement simples, GeneXpert CT/NG et OSOM® Trichomonas, pour la détection des IST », déclare Maria Lighthowler, épidémiologiste à Epicentre et coresponsable de cette étude.

Elle devrait également permettre de déterminer la prévalence de 3 IST très courantes et leur résistance aux antibiotiques chez les adolescents qui se présentent au centre de santé sexuelle et reproductive pour adolescents de la polyclinique Edith Opperman à Mbare, au Zimbabwe.

Les résultats de cette étude sont attendus pour le début de l'année 2024. Ils aideront les cliniciens du Zimbabwe et d'autres régions du monde à mieux soigner les adolescents.

  1. https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/sexually-transmitted-infections-(stis)
  2. https://www.who.int/publications/i/item/9241562889

© Dorothy Meckafro/Vision Trust

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